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mots taboux pour le taboulet
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3 juin 2006

La Mort à un enterrement

Assis par rangée, les oignons pleurent, la Mort assise en bout de rangée pose une main squelettique sur mes genoux, elle a beaucoup maigri depuis qu'elle est morte. Au milieu, Malheur et Tristesse comme deux adolescents s'embrassent bruyamment, et s'arrêtent quand la Mort, leur balancent un osselet, pour qu'ils se confondent dans un reniflement commun. La blessure est béante et saigne encore au milieu. Je regarder, je contemple cette tristesse, crispée, perchée sur leurs visages qui pleurent, comme le corbeau sur son arbre, la tristesse défigure les visages et les griffes avec ses serres, mais personne n'en fait un fromage. La tristesse comme une menace me griffe le bras pour être chasser comme un vulgaire pigeon par la Mort exaspérée par tant de familiarité. La mort pleure aussi, et coulent sur ses joues creuses et jaunes, des larmes; la Mort se vide , se vide de toute crédibilité, et elle se mouche dans le mouchoir que lui tend le Christ, suspendu à sa croix, pour redevenir de marbre avec l'air si triste qu'on lui connaît si bien, les épines sur son front d'où dégouline des ruisseaux de sang, me rappelle mon bras, à l'exception que moi, je ne suis pas le messie, je suis juste la grenouille qui annonce la pluie et le beau temps, simplement ça.. La tombe ouverte comme la blessure des convives laisse jaillir un visage froid et pâle, figé dans un éternel sourire, le visage dort, bercé par le son de l'orgue qui jubile, et de la pluie qui s'abat sur le toit de l'église. Les gens assis et penchés en avant, le front qui repose sur le dos de leurs mains imitent le cadavres et font semblant de dormir, et continuent de pleurer. Une mouche solitaire contemple la scène, adjuvante du bon déroulement de la scène. Je reste évéillée au milieu de toutes ces larmes silencieuses et de ces reniflements macabres, je me noie, et je regarde la personne centre, en tenue d'apparat violet et paillette, à l'exception qu'elle ne danse pas sur un air des village people , qui essuie de son revers de manchesa bouche d'où s'échappent les larmes pourpres du Chist, lacrima christi. La mouche se pose sur le front du cadavre qui ne peut pas la chasser d'un coup de main, la Mort rigole. L'apocalypse a sonné à midi vingt, heure du decès. Et maintenant, les convives s'en vont et jettent un peu d'eau sur ce pauvre homme qu'on ne séchera pas et qui n'attrapera plus froid, ils s'en vont comme des spectres, portés par un élan d'espoir, ils se lèvent lourdement, tout sauf elle cette femme énorme dont les fesses ont épousé les formes du petit siège qui gémit, qui souffre mille maux, pendant que la grosse dame tortille ses fesses. Et je me met à pleurer, je pleure, je pleure pour ce visage souriant qui dépasse du linceul moelletonné, je pleure pour moi, parce que je n'aurai pas le temps  de devenir une princesse. Je meurs avant l'âge, je danse avec La Mort, et le Malheur frappe des mains et rythme notre danse macabre pendant que l'orgue fait trembler l'église. Les larmes qui mouillent mes joues sont sincères et débordent de mes yeux, et, dans ce fleuve de vérité, je m'évapore et je songe à la vie, à la vie qu'on oublie, qu'on regrette, mais qu'on ne sait pas aprècier le moment venu, cette vie qui fuit, broyée par la machine infernale, cette solution qu'on ne sait distiller, qu'on ne sait synthètiser, ce bonheur impossible à contenir dans un tube à essai, je tente de la garde, les gens autour ne comprennent pas, ils ne savent pas, ne savent plus, ils oublient la vie, et se la rappelle à chaque enterrement, et comme un fruit, ils sont hantés par le ver du remords, et par la Mort, moi, elle me tient la main et me regarde de ses orbites vides, et elle sait que dans quelques années ce sera moi qu'ils pleureront, je sais que demain j'arrêterais ma montre pour ne pas grandir trop vite.

La fin d'une vie, le début d'une autre, une vie inconnue où j'apporterais au passeur une pièce pour qu'il m'emmène et une autre pièce à déposer dans le tronc d'une église.

1542073511

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